Le 08/08/2010
Nous parvenons à nous extirper du lit sans même faire sonner plus de douze fois le réveil. Ce matin, nous allons nous joindre à la foule de la Canaan Baptist Church of Christ, à Harlem.
Situé au nord de Manhattan, à partir de la 96th Street, ce quartier compte près de 260 000 habitants, soit 17% de la population totale vivant sur l’île. Toutes les religions sont représentées à Harlem, mais le quartier est connu comme l'un des foyers du christianisme et de ses nombreux courants. On compte près de 400 églises !
Nous rejoignons donc une église située à 20 rues de notre hôtel en longeant un Central Park encore calme. Il fait déjà chaud et nous savons que nous sommes arrivés car devant nous se dresse, à l’entrée, une file plutôt longue de touristes. Pourtant il y avait le choix et nous ne sommes pas allés voir une messe dans l’Église baptiste d'Abyssinie, la plus connue d’Harlem. Nous attendons donc patiemment pendant que les habitués, vêtus de leurs plus beaux habits et chapeaux fassent leur entrée.
Allez, c’est notre tour. Nous devons poser nos sacs à l’entrée et selon si l’on souhaite voir la messe entièrement ou non, nous devons aller à l’étage ou bien nous pouvons nous joindre aux pêcheurs locaux. Ne voyant pas vraiment l’intérêt de partir avant la fin, nous filons nous asseoir.
Nous n’avons pas le droit de prendre de photos. Il faudra donc faire avec nos explications et votre imagination. La Canaan Baptist Church of Christ existe depuis 1932. Des personnes comme le Docteur Martin Luther King Jr., l’archevêque sud-africain Desmond Tutu et le Révérend Jesse Jackson, ont prêché en ses murs. C’était même la première destination de Nelson Mandela lors de son premier voyage aux Etats-Unis en tant que président.
L’église, ressemble plutôt à une salle blanche très simple, une scène et des bancs formant un demi-cercle divisé en trois parties. La scène est partagée par le chœur et les différentes personnalités religieuses dont le Révérend Dr. Thomas J. Johnson Sr. Le pianiste, le bassiste et le batteur qui accompagnent le chœur, se tiennent sur le côté.
La messe se divise en plusieurs parties. D’abord, il faut mettre tout le monde dans le bain avec un enchaînement de deux gospels qui donnent littéralement la chair de poule. Puis, nous avons le droit à la prière du sacrifice avant de passer à la première quête. Des dames vêtues de blanc reconnaissables à leur petit chapeau rouge sont chargées de passer les corbeilles à chaque rangée. Le révérend prend ensuite la parole pour remercier les visiteurs étrangers d’être venus. Nous devons donc nous lever pour recevoir les remerciements de nos voisins.
S’en suit un petit passage assez étonnant, la danse de la transe à la sauce américaine. Un jeune homme arrive sur scène pour illustrer par de la danse que nous appellerons ultra-contemporaine et des gestes très saccadés une chanson religieuse qui passe en fond. Il semblerait que les gens soit plutôt friands de cette partie de la messe car les applaudissements fusent à la fin du show.
La deuxième partie de la messe consiste à une autre quête, mais cette fois-ci, les habitués donnent carrément des enveloppes d’argent. Après la lecture d’un passage de la bible, une sénatrice, une politicienne, une vraie, blanche qui plus est, vient faire un speech sur scène… La religion est toujours autant mêlée à la politique ! Elle finit même son discours par un « God Bless you ! ».
Puis un autre chant avec un pianiste en furie remet tout le monde dans le rythme. Mais nous ne sommes pas à un show, et c’est un sermon de 45 minutes qui est ensuite donné par le chef de l’église. Comme on peut l’imaginer, la voix se fait de plus en plus forte et les « amen », « thank you my Lord » de plus en plus nombreux quand le speech touche à sa fin. Nous finissons par une petite bénédiction où tout le monde se donne la main et voilà. C’était une expérience très intéressante mais elle montre bien l’importance et la place de la religion dans la vie quotidienne des ses « clients ».
Nous repartons tranquillement dans nos quartiers, passons au supermarché pour trouver de quoi déjeuner et rentrons à l’hôtel.
Nous ressortons quelques heures plus tard pour parcourir la dernière partie de Central Park que nous ne connaissons pas encore, le côté nord. L’ambiance est tout à fait différente, les touristes montent rarement jusqu’ici. Les populations noires et latinos se détendent autour d’un pique-nique, jouent au base-ball ou à la pelote à main-nue.
Nous croisons une piscine découverte, un lac artificiel où des pêcheurs tentent de trouver un poisson assez naïf pour mordre à l’hameçon, ou encore des bancs attendant les lecteurs de passage.
Nous sortons rapidement du parc pour aller voir des graffitis dans un collège du quartier El barrio de Harlem.
Mais cela n’a rien de folichon. Nous repartons donc dans la verdure, l’après-midi touche déjà à sa fin.
Ce soir, nous avons pour mission de ranger nos affaires sans faire exploser nos sacs, car demain, nous prendrons l’avion en fin d’après-midi pour Londres. La boucle est presque bouclée !