Le 23/03/2010
Ce matin, le réveil est rude, l’avion est à 6h30, donc avec les formalités et la douane, il faut y être tôt ! Heureusement, Sandrine se lève aux aurores, ce qui nous évite une petite trotte matinale.
Allez, un petit passage sur le tarmac pour grimper dans l’ATR 42 d’Air Tahiti direction les îles Sous-le-vent de l’archipel de la Société. Cool ! :)
Le vol est agréable, le spectacle alternant entre océan bleu pétant, nuages blancs et arcs-en-ciel. Nous faisons une escale à Raiatea, histoire d’échanger quelques passagers.
L’île est entourée d’une barrière de corail formant un lagon bleu turquoise. Mais ce n’est pas encore pour nous cette fois, nous, nous partons direction Maupiti !
Cette île est à l’extrême ouest de l’archipel, à près de 300km de Tahiti. Maurua, son ancien nom originel, s’étale sur 9km² seulement. Elle est entourée de cinq motu (îlots) dont un qui accueille l’aérodrome. L’îlot central est montagneux avec son point culminant, le mont Teurafaatiu (372m).
La population locale (1200 habitants) a été évangélisée dès le 19e siècle. Elle ne compte aujourd’hui pas moins de quatre religions différentes (protestants, catholiques, adventistes et mormons) et a laissé de côté les prières ancestrales en l’honneur de ‘Oro, Tū et Ta’aroa, les dieux d’autrefois.
Les habitants ont réussi à préserver Maupiti des grands projets de constructions hôtelières. Seules les pensions familiales assurent logement et nourriture, au plus grand plaisir des touristes de passage.
Nous atterrissons donc sur le Motu Tuanai. Lulu, la tenancière de la pension Papahani, est là, le bateau nous attend. Il doit nous amener au Motu Tiapaa où nous logerons avec trois autres personnes. La journée s’annonce bien, l’eau d’un bleu azur changeant rend le spectacle magnifique, une vraie carte postale.
Allez, ça y est, on est posé. Une belle surprise nous attend. En plus d’un petit déjeuner copieux et bien mérité (!), nous avons droit à un surclassement avec un grand bungalow face au lagon. La basse saison a du bon !
Face à nous, le Motu Pitiahe, à gauche la passe Onoiau, le seul point d’entrée de l’île pour les bateaux, et à droite Hotu Paraoa, un des monts jumeaux, frère d’Hotu Ae. La légende veut que Teurafaatiu, sœur des jumeaux et plus âgée mais plus petite en taille qu’eux, leur aurait joué un tour en perçant les récipients qu’ils devaient remplir d’eau propre puisée en bordure de récif. Les deux colosses multiplièrent les va-et-vient entre le sommet et le lagon, mais sans grand succès.
Au lever du jour, épuisés, ils se retrouvèrent figés aux deux côtés opposés de l’île avant de pouvoir rejoindre leur sœur. Teurafaatiu enfin satisfaite, se retrouva plus grande que ses frères restés au pied de la montagne, l’un au Nord, l’autre au Sud. Mau voulant dire être fixé et piti, deux, donnent alors tout son sens au nom de l’île.
Nous, nous filons à l’eau, histoire de nous rafraîchir ! Le soleil est bien là, la chaleur aussi. Nos hôtes viennent tous nous chercher pour nous emmener en bateau au centre du lagon. Masque et tuba obligatoires, il y a une raie manta qui rode dans les eaux claires pour se faire nettoyer par des labres. La bête est immense et calme. Nous observons la scène, c’est magique.
C’est déjà l’heure de manger. Au menu, une salade tahitienne divine et du thon grillé. De quoi bien remplir nos estomacs ! Plus tard, nous coupons le Motu pour rejoindre le rivage opposé. Là se trouve un lagon rempli de coraux et de poissons. Nous reprenons donc notre observation en mode masque et tuba.
Les poissons bariolés sont bien là même si les coraux sont abimés. Nous flottons au beau milieu poissons-clown et des demoiselles quand tout à coup, un invité surprise surgit, un beau requin à pointe noire d’un bon mètre cinquante ! Une petite accélération du rythme cardiaque pour nous (avec tout ce qu’on nous a bassiné depuis tout petit) même si celui-là est inoffensif. Il passe paisiblement et nous sème allègrement. Nous continuons notre balade sous-marine quand nous croisons un deuxième requin, plus gros cette fois. Notre baignade a déjà assez duré, n’est-ce pas, nous allons rentrer ! :)
La suite est dans le même ton que le reste de la journée. Baignade dans le lagon, repos au milieu des fleurs et coucher de soleil magnifique… un rêve !
La journée s’achève par un festin, avec du poisson cru, de l’espadon cuit aux herbes et une salade de légumes locaux. Nous passons le repas avec les trois autres arrivés, la sœur et son copain venus rendre visite au petit frère, infirmier sur Tahiti, l’ambiance est sympa. Nous filons nous coucher nous aussi, bien contents de cette journée remplie. Mais que nous réserve demain ?
Le 24/03/2010
Aujourd’hui, nous allons faire un tour à Vaiea et profiter des trésors de l’île centrale. Après un petit-déjeuner toujours aussi copieux, nous filons en bateau vers le quai de l’île. Nous demandons à la dame qui nous louera les vélos un peu plus tard dans la journée de nous montrer le chemin qui monte au Hotu Paraoa, l’un des deux monts jumeaux.
« C’est facile, vous verrez, il faut suivre les flèches rouges » nous dit un vieux de l’île.
Un vague souvenir de l’aventure au Bromo sonne dans nos têtes mais il nous en faudra plus pour nous décourager ! Malheureusement, la région a enchaîné en quelques mois ouragan, cyclone et tsunami. Le clocher rouge de l’église en porte encore les séquelles et cela se ressent fortement quand on cherche les fameuses flèches rouges.
Le sentier est complètement inexistant, les arbres sont dans tous les sens mais on arrive à se frayer un chemin jusqu’en haut (ou presque). Et ça en valait la peine, la vue est superbe.
Les bleus se confondent et on ne se lasse pas de regarder l’horizon. Mais halte à la béatitude (oui, halte !), il va à présent falloir redescendre par le même chemin, et cela devient tout de suite moins drôle. Après une perte d’une douzaine de litres de sueur, nous arrivons en bas. Ce n’était pas si sorcier. :)
Les vélos nous attendent tranquillement au coin de la rue. Pas de freins sur ceux-là, il faut rétropédaler pour s’arrêter. Le coup pris, nous fonçons direction la plage de Tereia qui, pour la faire courte (et ne pas trop vous mettre l’eau à la bouche), est une étendue de sable blanc plongeant dans les eaux cristallines du lagon… Alors ?
L’eau est un peu tiède mais nous décrasse quand même bien de la marche de ce matin. En face, le Motu Auira peut être rejoint à pied, un jeune d’ici nous en fait la démonstration : 10 minutes tout au plus !
Allez, c’est l’heure de trouver LE snack de l’île pour satisfaire notre appétit et notre curiosité culinaire. D’ailleurs, depuis que nous sommes arrivés en Polynésie, aucune assiette n’est repartie pleine (mais aussi quelques unes encore légèrement garnies, vu les portions)!
En arrivant, nous prenons place devant le lagon (banal quoi !) avant de dégommer une assiette de sashimi de thon et du mahi-mahi cuit au barbecue. Les doses sont locales et nos estomacs sont donc rapidement pleins. Avant de s’affaler complètement sur nos chaises et de sombrer dans les abimes d’une sieste, nous décidons de reprendre la route et de faire le tour de l’île. Nous nous arrêtons un peu plus loin pour aller voir les pétroglyphes de Haranae.
On peut voir au bord d’une rivière, une série de symboles gravés sur de gros rochers. La plus nette représente une tortue.
De retour sur notre petit vélo sans frein, nous partons chaudement sur la seule montée de l’île par laquelle passe la route « traversière ». L’ascension est rude...
... et la descente bien sympa. Elle nous fait travailler les muscles du rétropédalage, encore inconnus jusque là, mais ça vaut le détour !
Notre balade se termine chez un vieux monsieur qui nous explique les fêtes locales et en profite pour nous conter rapidement l’histoire des petites fleurs blanches de tiare. Selon la légende, la déesse Hina venue de Maupiti à dos de requin aurait planté neuf arbustes sur le Motu Pitihahei, en hommage aux neuf districts de l’île. Ces arbustes seraient les premiers tiare mā’ohi de toute la Polynésie française. Le nom complet Maurua i te hitia o te ra signifie « vent qui souffle dans les branches et porte l’odeur des tiare de Maupiti ».
Une pause « jus d’ananas » à la boulangerie-épicerie et il est temps de repartir sur notre motu chéri. Le soleil tape un peu moins et nous filons nous baigner dans le lagon avant de regarder le soleil se coucher. A vous de juger...
Ce soir, le repas est un vrai régal, avec une salade de poisson cru au coco (ou salade tahitienne) délicieuse, des bénitiers chauds au curry et du poulet grillé. En dessert, un étrange mélange de farine/noix de coco râpée/eau de coco/lait de coco, le ipo. Et ça, ça tient au ventre !
On rend l’antenne pour ce soir. Bonne nuit !
Le 25/03/2010
Petit-déjeuner café-tartines-pamplemousse ce matin, le ciel est bleu, le lagon aussi, le soleil chauffe déjà tout ce qu’il éclaire, pas de programme en vue, on va improviser. :)
On débute par un farniente à la mode locale, puis allez, on se bouge ! Les kayaks de mer nous tendent les pagaies, on ne résiste pas, juste le temps de se passer de la crème solaire et de se couvrir un peu et ça y est, on est à l’eau. Cap sur le motu d’en face, le Pitihahei. Le chien de la pension nous suit à la nage. Nous, on zigzague un peu dans tous les sens, ça doit être le courant !
Quelques coups de rames plus loin, nous accostons sur l’îlot et le chien aussi. La plage est en fait une étendue de brisures de coraux, attention aux pieds ! Nous repartons voguer sur le lagon, en vadrouille. Le paysage vaut le détour. Nous croisons une raie pastenague puis une raie léopard. Elles nous sèment allégrement. La chaleur est déjà écrasante, on va rentrer !
Petite baignade à l’arrivée histoire de rafraîchir les muscles puis repos à l’ombre pour tout le monde. Le chien aussi, il est revenu paisiblement du motu.
Après un petit casse-croûte, la bataille de l’après-midi sera de survivre à la chaleur. Sieste obligatoire même (et surtout) pour les locaux ! La suite se résume à de la lecture, de la flemme et des baignades. La vie est dure.
Le soir, coucher de soleil assis sur le sable avec un verre de punch et de la coco râpée offerts par la maison ! Nous retrouvons ensuite nos trois compères de route pour le repas avec quatre autres personnes fraîchement débarquées du bateau inter-îles. Le buffet nous propose des fines tranches d’espadon cru, des frites d’arbre à pain et des pavés d’espadon grillés sauce vanille. Un festin une fois de plus avec pour finir, pour faire baver les gourmands, un gâteau d’anniversaire au chocolat pour Mathilde !
Les estomacs bien remplis, les discussions vont bon train, le débat est animé et les anecdotes croustillantes. Apparemment, un jeune de 17 ans vit ici, installé sur un canapé en face du lagon, avec ses 300kg. Un des personnages de l’île !
La nuit est bien là désormais, chacun rejoint ses pénates pour une courte nuit car demain, nous décollons direction Raiatea. Notre passage sur Maupiti aura été un pur plaisir. Les gens sont accueillants et ont le rire facile. Ils aiment leur île et ça se sent. Le lagon est magnifique, la nourriture un délice. On vous conseille la pension Papahani, une carte postale avec Lulu, sa patronne généreuse et toujours souriante ! :)