Le 21/05/2010
Il semblerait que nous ayons tous survécu à cette nuit un peu fraîche. Santiago, notre chauffeur nous rassure en nous disant que ce soir, ce sera pire. Bien, la journée peut commencer !
L’altitude ne fait plus des siennes, tout le monde est prêt pour une nouvelle journée dans des paysages dignes de science-fiction. Le petit-déjeuner avalé et les sacs montés sur le toit de la voiture, nous voilà partis en direction du salar de Chiguana. Le soleil s’est levé et commence à nous réchauffer les os. La route est longue et les discussions vont bon train.
Après avoir passé le salar, nous découvrons au loin une belle brochette de volcans, dont le volcan Ollague, encore actif et placé sur la frontière de la Bolivie et le Chili à 5870 mètres d’altitude. Les quelques 4x4 arrivent, d’autres partent, mais tout le monde mitraille l’endroit qui vaut vraiment le coup d’œil.
Des centaines de rochers se dressent avec pour seul point commun, leur couleur dorée. Pour le reste, toutes les formes possibles et imaginables sont représentées.
Allez, vamos, nous avons encore d’autres choses à voir. Nous reprenons la piste, passons par des paysages de no man’s land, esquivons du mieux que possible les ravins pour atteindre la zone des lagunes. Ces lacs salés sont différenciables par leurs couleurs et le premier sur la liste est la laguna canapa. D’un joli bleu laiteux (c’est d’un classique !), tout en longueur, avec ses dépôts de borax visibles aux extrémités et ses quelques flamants roses pour finir le tableau.
C’est toujours aussi beau ! Allez, re-vamos car l’heure du déjeuner approche et i l ne faut pas faire attendre Santiago trop longtemps !
Le deuxième lac sur notre liste est la laguna Hedionda. Encore plus grand que le premier, il est au pied des montagnes. Encore un peu plus de flamants roses que dans l’autre, et aussi un peu plus de monde car chacun se pose pour le pique-nique.
En deux secondes, le repas est monté et nos estomacs se remplissent un peu. Le vent s’est levé mais les 4x4 boliviens peuvent dans ce cas-là servir également de pare-vent !
Troisième sur la liste, la laguna Ramaditas. Sur la route, nous croisons un renard, apparemment habitué des passages quotidiens de voitures. Bien que peureux, il semble attendre le quignon de pain restant du repas. Aussitôt arrivé, aussitôt reparti ! Les animaux ici se fondent à merveille dans le décor de buissons, de roches et de montagnes dorées.
On ne se lasse pas de cette immensité, surtout avec des compagnons de route qui partagent le même plaisir du voyage. Soudain, une petite entrave à ce paysage rocailleux mais platonique. Nous arrivons à l’Arbol de Piedra, l’arbre de pierre également connu sous le nom de Galaxy Cavern.
Des rochers semblent sortir de terre comme des champignons si ce n’est qu’ils auraient pu être dessinés par Dali (à l’encontre des champignons, quoique). Allez, une fois de plus, les photographes font marcher leur imagination pour essayer de restituer ce que donne le site.
Ca y est, nous sommes à présent dans le désert de Siloli, long de 40 kilomètres, il nous permet de faire connaissance avec un nouvel animal du coin. Après les renards, vigognes et flamants roses, voici le lapin des hauts-plateaux : avec ses grandes oreilles, il est appelé le vizcacha.
La route touche à sa fin, nous entrons à présent dans le Parc National Eduardo Avaroa. Après avoir payé son droit d’entrée, nous avons l’immense plaisir de faire connaissance avec notre refuge pour la nuit. Le bâtiment en longueur est plus que sommaire, les WC n’ont pas de chasse d’eau (il faut faire à la mode indonésienne avec son petit seau) et les chambres-dortoirs sont assez glauques. L’électricité n’est mise en marche qu’à partir de 19h et cela pour quelques heures. Bien sûr, toute douche chaude est à proscrire et les couches de vêtements vont s’accumuler car il n’y a pas de chauffage. Mais en a-t-on vraiment besoin ? Nous sommes dans la partie la plus froide du sud du Lipez, à plus de 4000 mètres d’altitude et la température devrait baisser jusqu’à -20°C cette nuit… alors le chauffage, on s’en passe allègrement !
Mais inutile de se lamenter, chacun prend cela avec humour (il en aura fallu de l’humour pendant ces trois jours !) et puis c’est pour les paysages que nous sommes ici.
D’ailleurs, nous profitons des derniers moments à la lumière du jour pour aller nous balader autour de la laguna Colorada, située tout près du bâtiment-dortoir-réfrigérateur. Avec ses eaux rouges provenant de la présence d'algues et de plancton et ses rives bordées de blanc dû à la présence d'un dépôt de minéraux (du borax encore et toujours), ce dernier lac sur la liste est une réussite.
Mais le froid l’emporte et après une bonne heure de marche, nous filons nous réchauffer « psychologiquement » dans la salle à manger commune à tous les groupes qui dorment ici ce soir. Les jeux de cartes vont bon train. Nous nous initions au Yatzi, jeux de dés ne nécessitant l’activité que d’un demi-neurone. C’est parfait, les autres étant de toute façon congelés.
Enfin, le repas arrive et nous avons le privilège de goûter une spécialité bolivienne injustement méconnu : les pâtes à la boliviana. Sachez que ces pâtes ont la particularité d’être trop cuites tout en restant dures. Mais quand il fait -10°C dans la pièce, on fait avec ce qu’on a, on prend des forces pour la nuit qui nous attend et on mange !
Chacun saute ensuite dans son duvet, avec plusieurs couches de vêtements, un bonnet et les quelques couvertures gentiment prêtées par la maison (générosité, quand tu nous tiens). Certain(e)s pousseront même le vice à dormir avec des gants.
Demain, le réveil sera matinal. Qui parviendra à sortir de son lit indemne ?