Le 04/11/2009
Nous avons trois heures de train ce matin pour atteindre Nagasaki. Notre train, sorte de TGV blanc profilé en forme de poisson local, entre en gare. Les gens attendent en file sur le quai. Nous sommes en 2nde classe et pourtant le sol du train est en parquet et les sièges en gros cuir noir, alors j’imagine à peine la classe supérieure.
Allez, c’est parti. Direction Nagasaki. Cette ville de 450000 habitants est située tout au sud du Japon. Place forte du commerce maritime international au 16e-17e siècle, elle garde encore les traces du passage des Portugais, Hollandais et Chinois, avec notamment la plus grande cathédrale d’Asie et le quartier chinois. Mais c’est surtout la ville qui a reçu, trois jours après Hiroshima, la 2e bombe atomique américaine. Malgré ce sombre passage de l’histoire, la ville est aujourd’hui très vivante et une des plus riches du Japon.
Pour rejoindre notre prochain lit du soir, nous prenons le tramway local qui fonctionne de la même manière que celui d’Hiroshima à la différence qu’ici, le conducteur est sans cesse en train de dire « Bonjour, Bienvenue, Merci » dans un micro-casque avec une voix de crooner qui n’a fait rire que nous. C’est un peu le Barry White des chemins de fer ! Peut-être une carrière ratée, nous ne saurons jamais.
La guesthouse est située le long d’une rivière qui elle-même est surmontée par de nombreux ponts de pierre dont le plus ancien du Japon. Tout est faisable à pied ici hormis le musée historique que nous rejoindrons par tram.
Il est déjà 13h, soit l’heure de notre petit interlude culinaire habituel. Une des spécialités de la ville est la panure. Nous allons donc déguster une escalope de porc panée avec une salade de chou, un bol de riz et une soupe miso. Un délice, très fin comme souvent.
C’est bon, maintenant, nous pouvons aller nous cultiver au musée. Tout comme à Hiroshima, nous retrouvons de jeunes écoliers et cette fois, trois petites japonaises tentent désespérément de communiquer avec nous. Avec l’aide de dessins et une légère traduction de leur instituteur, nous arrivons à répondre à leurs questions (que pensez-vous de ce qui s’est passé ici ? d’où venez-vous ? comment vous appelez-vous ?...). Marrant !
Nous arrivons sur la zone d’impact du 9 août 1945. Pour résumer, 3 jours après Little Boy sur Hiroshima, les américains avaient pris pour cible Kokura pour lâcher Fatman, leur 2e bombe atomique, quasiment deux fois plus grosse que la première. Mais la visibilité rendant le bombardement impossible, ils décidèrent changer de plan. Ils volèrent jusqu’à Nagasaki à la place, port réputé pour ses constructions navales militaires (240000 habitants), et prirent pour cible l’usine Mitsubishi…
11h02. La bombe explose en fait à 500m au dessus de la cathédrale de la ville. Elle détruit complètement 1/3 de la ville, tue sur le coup 75000 personnes et en blesse le même nombre. Le reste de la ville, à moitié soufflé par l’explosion, brûle dans les minutes qui suivent sous la pluie noire qui tombe du nuage atomique. 120000 habitants sont sans logement. Tout ce qui se trouvait à 2km de l’épicentre a été détruit en 3 secondes.
Le musée est complet en explications, témoignages et objets retraçant les événements d’avant, pendant et après l’explosion. Une fois de plus, la confrontation avec l’histoire nous a semblé importante. Comme à Hiroshima, la paix est le leitmotiv de tout le site, rempli de statues et de monuments couverts de guirlandes d’origamis faites par les enfants.
Il est déjà 16h, nous entamons une balade dans les rues de Nagasaki et nous trouvons un magasin « tout à 100¥ » sur 5 étages… Argh ! Achat compulsif, Hello Kitty, sortez de mon corps ! Les rues sont animées malgré le fait que ce soit une petite ville. Les rues piétonnes croisent les arcades commerçantes. Ce soir, le dîner se fera tranquillement à la guesthouse, avec au menu sushis, makis, tomates, salade… la routine quoi !
A l’instar de Kyoto où nous n’avons pas vraiment eu de coup de cœur (nous ne sommes sûrement pas restés assez longtemps), Hiroshima mais surtout Nagasaki sont des villes très agréables, à taille humaine et au mélange complet et complexe histoire/art/shopping/gastronomie.
Demain, le réveil sera tôt une fois de plus, direction Osaka pour deux jours. On va enfin pouvoir se poser un peu (il faut le dire vite).